Pauillac des origines à l’époque contemporaine
Pauillac acquiert ses lettres de noblesse dès la protohistoire, notamment à l’âge du Bronze. Les trouvailles de dépôts de bronzes, dévoilées par les recherches d’Ernest Berchon à la fin du XIXème siècle, ont montré que Pauillac est un important centre métallurgiste au Bronze moyen (1500-1200 avant J.C), approvisionné en minerai d’étain par l’Armorique méridionale ou la Loire atlantique et en cuivre par la péninsule ibérique.
A l’époque gallo-romaine, le Médoc est le « pagus des Medulli » ( terre aux milieux des eaux), qui est parsemé de vastes propriétés rurales, les villas. Les vestiges d’une villa ont été aperçus sur l’emplacement de l’église Saint-Martin qui occupe la position la plus élevée de la cité.
Plusieurs trouvailles gallo-romaines ont été repérées, notamment au voisinage de l’ancienne chapelle de Trompeloup, ruinée en 1891, au cours des travaux d’appontement du port. E. Berchon y a découvert une vaste nécropole gallo-romaine à inhumation avec des sépultures en tegulae. Près de l’église Saint-Martin, en 1866, L. Drouyn signalait des mosaïques près du flanc méridional et, à proximité, les restes d’un hypocauste, en 1891 et des fragments de mosaïque polychrome avec tesselles « noires, blanches, rouges, au dessin géométrique en forme d’arceaux ». Les murs découverts peuvent correspondre à la villa Pauliacos évoquée par Ausone qui vante également les produits du Médoc, les huîtres, moules, aloses, saumons et esturgeons dont raffolaient Medulli et autres Bituriges Vivisques. Du XIe au XIIIe siècles, de nombreux défrichements sont effectués en Médoc, Pauillac est bien sûr concerné. La culture de la vigne s’y développe aux XIVe et XVe siècles. Le « Mayne de la Tour », aujourd’hui Château Latour, est mentionné dans les textes dès cette époque. Deux dessins de l’artiste hollandais Hermann Van der Hem, datés de 1646 et 1647, nous montrent l’aspect de Pauillac au milieu du XVIIe siècle. Le bourg est concentré autour de l’église. Un peyrat près duquel se trouvent quelques maisons, révèle sans doute une activité artisanale. Pauillac n’est qu’un bourg, peu urbanisé, avec des habitations éparpillées en hameaux au milieu d’un paysage de vignes. Le véritable essor du vignoble se fait au XVIIIe siècle. La ville de Pauillac conserve quelques vestiges de ce XVIIIe siècle particulièrement florissant. Une verrerie, qui fabrique les précieux flacons, y est construite en 1785.
Seule la toponymie, au lieu-dit la Verrerie et quelques documents d’archives, gardent le souvenir de cette intense activité. La progression considérable de la vigne à Pauillac est interrompue par le phylloxéra en 1879 et 1880, puis par le mildiou en 1882. Cette crise à laquelle les propriétaires doivent faire face est aggravée ensuite par la Première guerre mondiale. Pauillac est alors à l’heure américaine. La base maritime de Pauillac-Trompeloup est le centre de toute l’organisation de patrouille aérienne implantée sur les côtes de France pour la protection des convois maritimes. Cette base assure le déchargement, le montage et la réparation de tous les hydravions de l’armée américaine en service en Europe; elle sert par ailleurs de station à une escadrille d’hydravions participant à la surveillance des côtes de Gascogne. Au 11 novembre 1918, la base accueille cent trente-trois officiers et trois mille cent cinquante-huit hommes. Après l’armistice, elle sera affectée au rapatriement du corps expéditionnaire. A partir des années 1950 et 1960, le vignoble du Médoc connaît un véritable renouveau.
Pauillac, bien sûr, en bénéficie et ses crus sont encore aujourd’hui très appréciés.